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Alors que Goma vacille sous les assauts du M23 et des troupes rwandaises et que la crise humanitaire s’aggrave, la colère gronde à Kinshasa, où des manifestants s’en sont pris à des ambassades étrangères, dont celle de Belgique.
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La situation chaotique à l’est de la République démocratique du Congo a eu des répercussions jusque dans les rues de Kinshasa ce mardi. Alors que Goma et ses alentours étaient encore en proie à des affrontements entre les forces armées congolaises et des combattants du groupe armé antigouvernemental M23 alliés de soldats rwandais, les ambassades de Belgique, des Pays-Bas (voisines l’une de l’autre), de la France, des Etats-Unis et d’autres pays africains (dont le Rwanda…) étaient prises à partie par des manifestants en colère dénonçant leur inaction ou leur rôle dans la crise actuelle. Les multiples appels à des pourparlers de paix pour mettre fin aux combats (lire par ailleurs) ne suffisent pas à contenir la colère de la population.
Sur des images vidéo diffusées sur les réseaux sociaux et des photos prises par l’agence de presse congolaise ACP, on pouvait voir un portail d’entrée de l’ambassade belge en feu. « A aucun moment, le personnel diplomatique et les visiteurs n’ont été mis en danger », assure le SPF Affaires étrangères dans un communiqué. L’ambassade est en outre en contact avec les Belges sur place, à qui il est actuellement conseillé de ne pas sortir et de suivre de près l’évolution de la situation. A la mi-journée, celle-ci semblait se stabiliser dans la capitale, selon l’administration fédérale, sur le qui-vive. Ces heurts surviennent dans un contexte de tensions diplomatiques entre Bruxelles et Kinshasa après la confirmation lundi de la condamnation à la peine de mort du Belgo-Congolais Jean-Jacques Wondo.
Corps dans les rues de Goma
De l’autre côté du pays, Goma était mardi en passe de tomber entièrement dans les mains des combattants du M23 appuyés par des troupes rwandaises. Dans l’après-midi, les deux alliés ont pris le contrôle de l’aéroport, où « plus de 1.200 militaires congolais se sont rendus et sont cantonnés dans une base de la Monusco (mission de l’ONU en RDC, NDLR) », selon l’Agence France presse (AFP) citant une source sécuritaire. L’armée sud-africaine a par ailleurs dénombré quatre soldats supplémentaires tués en RDC, portant à dix-sept les membres de la force régionale d’Afrique australe (SAMIRDC) et de la mission onusienne morts ces derniers jours dans les combats. Lundi, l’armée rwandaise déclarait, elle, que cinq civils avaient été tués dans une localité rwandaise à la frontière, où plusieurs affrontements se poursuivaient ce mardi.
Malgré le grand nombre de personnes calfeutrées chez elles, une centaine auraient été tuées et près d’un millier blessées, selon les bilans en date de mardi de plusieurs hôpitaux de Goma compilés par l’AFP. A en croire les témoignages récoltés par les journalistes internationaux présents dans la région, de nombreux corps gisaient dans les rues de la ville. Plusieurs agences de l’ONU ont mis en garde contre une crise humanitaire majeure dans la capitale provinciale du Nord-Kivu, où les structures de soins sont complètement submergées par des centaines de patients blessés par balle, par mortier et par éclats d’obus. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a pour sa part alerté sur les risques de dissémination de virus, dont Ebola, à partir d’un laboratoire à Goma tandis que le Programme alimentaire mondial de l’ONU s’est, lui, dit « préoccupé » par la pénurie de nourriture après l’interruption de ses activités. Plusieurs ONG ont par ailleurs dénoncé les pillages les touchant elles et la population.
Pour soutenir les civils frappés par les violences qui sévissent dans l’est congolais, la Croix-Rouge flamande a débloqué une enveloppe de 100.000 euros qui serviront principalement à appuyer les opérations de secours sur le terrain. Côté francophone, aucun fonds spécifique n’a été dégagé pour le moment. A l’échelle européenne, malgré les attaques contre les ambassades de certains Etats membres qu’elle a dénoncées, l’UE a promis une aide humanitaire d’urgence de 60 millions d’euros en faveur des populations déplacées à Goma et aux alentours. Cette enveloppe doit financer notamment des abris, des livraisons de nourriture, de l’assainissement et des équipements permettant un meilleur accès à l’eau potable qui, comme l’électricité, fait désormais défaut dans une grande partie de la ville.
